Édition du jeudi 29 octobre 2009
Bilan des transferts de compétences de la deuxième vague de décentralisation: sévères critiques de la Cour des comptes
Dans son rapport public sur «La conduite par lEtat de la décentralisation», publié le 27 octobre, la Cour des comptes tire les conséquences de la révision constitutionnelle du 23 mars 2003 («organisation décentralisée de la République»).
Ce premier bilan des transferts de compétences de la deuxième vague de décentralisation montre, selon la Cour, «que cette réforme nest pas parvenue à simplifier laction publique locale. Loin de renforcer léchelon régional comme initialement envisagé, elle a plutôt bénéficié aux départements.»
Ce rapport thématique de 167 pages critique notamment la «clause générale de compétences» qui offre aux collectivités territoriales, toujours selon le rapport, «de grandes marges daction et conduit à la multiplication des procédures de concertation et de financements croisés qui alourdissent le travail administratif. La dépense publique ne sen trouve pas davantage rationalisée, avec le développement dune compétition entre collectivités et dune tendance à doublonner les interventions.»
La Cour estime que «lEtat porte une large responsabilité en la matière, faute de sêtre organisé pour piloter de manière homogène le processus de décentralisation. Certains ministères y ont résisté (Culture), tandis que dautres acceptaient des transferts de compétences importants (comme les ministères sociaux).»
Quant aux contentieux financiers liés à la compensation des transferts de compétences sociales «très dynamiques (par exemple lallocation personnalisée dautonomie)», ils ont amené le «constituant à consacrer lautonomie financière et fiscale des collectivités. Pour répondre à cette exigence de ressources propres, lEtat a attribué des fractions dimpôts nationaux aux collectivités qui contribuent à rendre plus complexe leur financement. En outre, la charge financière des transferts sociaux est actuellement un sujet de forte préoccupation.»
Pour les magistrats financiers, la décentralisation «na pas rendu la gestion plus efficace et économe: elle na pas remédié à lempilement des structures administratives, et lEtat na réduit la taille de ses services déconcentrés quà compter de 2007. Ainsi, le nombre de fonctionnaires territoriaux et dEtat a progressé dun million de personnes au cours des vingt-cinq dernières années.» Elle note en passant que «la croissance totale des effectifs de 62,8% dans les collectivités territoriales entre 1980 et 2006 se décompose en une hausse de 47,5% dans les communes et de 147% dans les structures intercommunales qui nont été concernées que de façon marginale par ces réformes.» La Cour note quau cours de la même période, «la dépense des administrations publiques locales a été multipliée par plus de cinq et celle de lEtat par plus de trois.»
Examinant enfin limpact de la décentralisation sur le «respect des grands principes républicains, au premier rang desquels figure légalité des citoyens», elle relève que, «malgré la consécration dun principe constitutionnel de péréquation, la décentralisation na pas permis de corriger les inégalités de financement entre collectivités territoriales, les dotations de lEtat aux collectivités ne tenant pas suffisamment compte de ces contraintes.»
La Cour formule plusieurs recommandations de «nature à assurer un meilleur pilotage par lEtat de la décentralisation et visant à remédier aux dysfonctionnements constatés.» Des recommandations qui portent sur ladaptation des financements et le renouveau du pilotage institutionnel (voir nos autres infos de ce jour).
Pour télécharger le rapport, voir lien ci-dessous (PDF, 844 Ko).
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